Ses pieds s'enfoncent légèrement dans le sable mouillé laissant des traces éphémères, vite gommées par les vagues. Sa mémoire fonctionne de la même façon ; Eleonora ignore ce qu'elle fait sur cette plage. Elle ne se souvient pas non plus de s'être demandée ce qu'elle faisait-là. Elle n'est pas paniquée. À la place, elle a cette musique bloquée dans sa tête. Il y a du linge, étendu sur la terrasse, et c'est joli. Son mari lui avait raconté l'histoire de ces paroles un soir, alors qu'elle la chantait à tue-tête, mais ses explications s'étaient envolées. Alors elle continue de marcher sur le sable, murmurant les brides dont elle se souvient. Le temps dure longtemps

Ses yeux sont arrêtés sur l'étendue d'eau, lui faisant face. L'océan lui avait tellement manqué, lorsqu'elle vivait à Paris. Et maintenant, il était là, allongé devant elle. Il est magnifique et elle ne peut se résoudre à détourner le regard. Elle fait quelques pas, jusqu'à sentir l'eau fraîche lécher ses orteils. "Et toujours en été." Le temps est chaud. Le soleil tape sur sa peau déjà rouge. Sa tête tourne légèrement, mais elle ne sait pas dire si c'était un début d'insolation, la fatigue ou ses médicaments. Chaque journée ressemble à un rêve éveillé, depuis quelques mois. Eleonora a même réussi à s'accoutumer à cette désagréable sensation.